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Je m’en irai

Dans le matin qui peine et dans l’absence Dans le baiser qui vient avec la brise Dans la mort qui s’annonce aux portes du silence Et dans les yeux du monde où les miroirs se brisent Je m’en irai

Dans la soif infinie du sable des rosaires Dans les mots qui, du temps, disent la solitude Dans les sentiers qu’empruntent les Pierrots lunaires Et dans la chair fardeau qui prend de l’altitude Je m’en irai

Dans l’aile de l’oiseau, dans le parfum des fleurs Dans l’air rugueux qui souffle à la croisée des ombres Dans le cœur qui se bat, dans le cœur qui se leurre Et dans l’inconsistance imbuvable des nombres Je m’en irai

Dans la mélancolie des arbres sans racines Dans le bonheur des mains qui malgré tout se tendent Dans les draps détrempés, dans la lettre assassine Et dans l’inespéré où les espoirs attendent Je m’en irai.

(c) José Camarena, Recueil, 2010-2015.

Image: Franco-Fontana, Puglia, 1978


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